Ronelle Washington

Ronelle avait toujours voulu être une artiste.

Le hasard a voulu que, le jour même où sa candidature à Juilliard fut rejetée, elle fut découverte par une institution de New York plus fermée et encore plus vieille. Maintenant elle bosse vraiment - par contrat - pour des gens puissants qu'elle n'a jamais vu et qui, elle soupçonne, à juste titre, sont terrifiés par elle. Elle savoure tranquillement cette dernière pensée.

Les liens familiaux de Washington avec les Illuminati remontent environ à deux cents ans du côté de son grand-père. Ils ont commencé en tant qu'un peu plus que de simples pigeons et nettoyeurs dans une ville croissante encline aux accidents douteux. Accidents dans lesquels certaines personnes ne pouvaient éventuellement pas être mêlées, ou impliquées. Après des générations de discrétion et d'efficacité, ils sont devenus partie intégrante d'un groupe actif pour leurs chefs de groupe fantômes.

Récemment, le téléphone de Ronelle a été très sollicité. Elle connaît la routine par cœur: jogging matinal, une boite aux lettres morte, une chambre d'hôtel anonyme. À l'intérieur il y a un sac de gym bleu qui l'attend, ou parfois une serviette métallique noire. Elle transporte une poignée de clés en ville, des clés aux portes que personne d'autre n'ouvre. Il y a beaucoup de sales secrets là-bas, petits et grands, mais elle est professionnelle.

C'est juste une autre sorte d'accomplissement, pense-t-elle. Un grand acte de disparition. Quand un problème doit se volatiliser, ils s'adressent aux gens comme elle. Et elle répond, volontiers.